Amadou Hampaté Bah |
De nos jours, le mysticisme en Islam est surtout connu par les exercices des différents ordres de Derviches. En fait, bien qu'ils soient en vérité l'aboutissement logique de la méthode mystique poussée à l'extrême, ces exercices ne révèlent pas davantage l’Essence réelle et la nature du mysticisme musulman, que les balbutiements extatiques des compagnons du prophètes ne manifestaient pas le sens véritable du prophétisme, ou que les extravagances des convulsionnaires ou de ceux qui " parlent en langue" ne révèlent les vérités profondes du mysticisme chrétien. D'ailleurs les ordres de derviches n'apparurent que dans les années qui suivirent la mort d'al-Gazâlî et ne jouent aucun rôle dans l'islam mystique du onzième siècle.
Le courant mystique a ses sources dans le mouvement ascétique qui se fit jour en islam avant la fin du second siècle de son histoire.
L'ascétisme et le mysticisme étaient regardés comme le chemin de la vérité et du salut par les premiers musulmans et par leurs hommes illustres, les compagnons du prophète, les successeurs et la génération suivante. Être constamment pieux, abandonner tout confort par amour de DIEU, se détourner du monde et ses vanités, renoncer aux plaisirs, aux richesses, au pouvoir, buts habituels de l'ambition humaine, se retirer de la société et vivre dans la solitude une vie consacrée au service de DIEU, tels étaient les principes fondamentaux du Soufisme qui prévalaient parmi les compagnons et les musulmans de la première heure. Cependant lorsque, dès la seconde génération, le goût des plaisirs terrestres se répandit largement et que les hommes ne cherchèrent plus à fuir la contamination, ceux dont la piété restait le but unique furent distingués par le titre de Soufis.
La vie mystique, dans l'islam comme dans les autres religions, est comparée à un voyage. Le mystique avance le long d'un chemin : la voie mystique, qui mène finalement à l'état suprême dans lequel l'âme, complètement débarrassée de toute pensée et de tout intérêt terrestres, achève son unité avec DIEU. Au fur et à mesure qu'elle avance dans son voyage, l'âme passe par différents étapes et différents états. Voici la distinction entre deux termes : les étapes sont des degrés dans l'ascèse et la discipline morale que pratique le voyageur. Ces degrés doivent être maîtrisés l'un après l'autre, dans un ordre déterminé, car il serait impossible au voyageur d'atteindre le plus élevé avant d'avoir gravi les précédents. Les états, par contre, sont des dispositions de l'âme, des émotions spirituelles, sur lesquelles l'homme n'a aucun contrôle : joie, douleur, élans ou dépression, que le coeur de l'homme connaît en les goûtant, sans que sa volonté intervienne pour les susciter ou les repousser.
Les étapes ont une permanence foncière, c'est à dire que le voyageur est toujours à l'une ou à l'autre étape de son voyage. Mais les états sont transitoires, vont et viennent, laissant le voyageur toujours plus avide d'éprouver des états supérieurs.
La voie mystique étant essentiellement individuelle, il s'ensuit que deux soufis ne peuvent jamais avoir des expériences identiques au cours de leur voyage. C'est pourquoi de nombreux soufis ne s'accordent pas sur les détails quand ils parlent des étapes et des états que doit franchir l'âme.
Un des systèmes les plus anciens et les plus connus, celui d'al Sarrâg, qui mourut en 988, mentionne sept étapes :
La vie mystique, dans l'islam comme dans les autres religions, est comparée à un voyage. Le mystique avance le long d'un chemin : la voie mystique, qui mène finalement à l'état suprême dans lequel l'âme, complètement débarrassée de toute pensée et de tout intérêt terrestres, achève son unité avec DIEU. Au fur et à mesure qu'elle avance dans son voyage, l'âme passe par différents étapes et différents états. Voici la distinction entre deux termes : les étapes sont des degrés dans l'ascèse et la discipline morale que pratique le voyageur. Ces degrés doivent être maîtrisés l'un après l'autre, dans un ordre déterminé, car il serait impossible au voyageur d'atteindre le plus élevé avant d'avoir gravi les précédents. Les états, par contre, sont des dispositions de l'âme, des émotions spirituelles, sur lesquelles l'homme n'a aucun contrôle : joie, douleur, élans ou dépression, que le coeur de l'homme connaît en les goûtant, sans que sa volonté intervienne pour les susciter ou les repousser.
Les étapes ont une permanence foncière, c'est à dire que le voyageur est toujours à l'une ou à l'autre étape de son voyage. Mais les états sont transitoires, vont et viennent, laissant le voyageur toujours plus avide d'éprouver des états supérieurs.
La voie mystique étant essentiellement individuelle, il s'ensuit que deux soufis ne peuvent jamais avoir des expériences identiques au cours de leur voyage. C'est pourquoi de nombreux soufis ne s'accordent pas sur les détails quand ils parlent des étapes et des états que doit franchir l'âme.
Un des systèmes les plus anciens et les plus connus, celui d'al Sarrâg, qui mourut en 988, mentionne sept étapes :
- Repentance
- Abstinence (ceci n'est pas une obligation, car la majorité des soufis sont mariés)
- Renonciation
- Pauvreté
- Patience
- Confiance en DIEU
- Satisfaction.
- Méditation
- Présence de DIEU
- Amour
- Peur
- Espérance
- Désir
- Intimité
- Tranquillité
- Contemplation
- Certitude
- L'Âme inclinée au mal
- L'Âme repentante
- L'Âme inspirée
- L'Âme paisible
- L'Âme satisfaite en DIEU
- L'Âme satisfaisant DIEU
- L'Âme parfaite.
C'est un long chemin qu'a parcouru le Mysticisme en Islam, poussé à l'extrême, il conduit aux extravagances, aux errements dans la vie comme dans la doctrine.Mais les premiers mystiques étaient des hommes à la piété ascétique, qui cherchaient par le jeûne, la prière, et le sacrifice des biens terrestres, à s'arracher au monde et à s'unir à DIEU; ce qui est le but de l'homme sincèrement religieux dans tout pays et toute religion.
extrait du livre : Lettre au disciple de Al-Gazali
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire