vendredi 31 août 2012

De la Sagesse de la Prophétie dans le Verbe de Jésus (2ème partie) - Ibn'Arabi

... Toutes les existences sont " les Paroles de DIEU qui ne s'épuisent jamais" (1); car toutes ne  sont que la parole "sois !" (Kun) qui est le Verbe de DIEU. Or, faut-il croire que la Parole se rattache immédiatement à DIEU dans Son  état principiel ? S'il en est ainsi, il nous est impossible de connaître sa quiddité; ou bien, est-ce que DIEU "descend" vers la forme de celui qui dit : "sois", de sorte que cette parole "sois" est la réalité essentielle (al-haqîqah) de la forme vers laquelle DIEU "descend", ou dans laquelle Il Se manifeste. Certains connaissants de DIEU affirment la première chose, et d'autres la deuxième, et d'autres encore sont consternés par l’ambiguïté des aspects. Cette question ne peut être sondée que par l'intuition. Abu Yazîd qui souffla sur la fourmi qu'il avait tuée [par mégarde], et il la fit revivre, sut bien par qui il soufflait et que c'était par Lui qu'il soufflait; sa contemplation était christique.

Quant à la vivification par la connaissance, elle est la Vie Divine, essentielle, supérieure, lumineuse, dont DIEU dit [dans le Coran] : " ... ou bien celui qui était mort et que Nous avons vivifié, lui donnant une lumière par laquelle il marche parmi les gens..." (Coran VI, 122). Quiconque vivifie une âme morte par la vie de la connaissance dans n'importe quel domaine rattaché à la connaissance de DIEU, la vivifie vraiment, cette  connaissance particulière étant pour cette âme comme une lumière avec laquelle elle marche parmi les gens, c'est à dire entre ceux qui lui sont pareils par la forme.

Sans Lui [comme principe actif] et sans nous [comme réceptacles de Son acte] rien n'existerait, 
Je L'adore en vérité;
Et DIEU est notre Maître.
Mais je suis Lui-même ('aynuh)
Pour autant que tu considères [en moi] l'Homme [universel].

Ne te laisse donc pas aveugler par le voile de l'homme individuel,
Et il sera pour toi un symbole évident.
Sois à la fois DIEU [en ton essence] et créature [par ta forme],
Et tu seras par DIEU le dispensateur de Sa miséricorde.
Nourris Sa création par Lui.
Tu seras un "repos délivrant et un parfum de vie,"
[comme déterminations] nous Lui donnons ce par quoi Il se manifeste en nous;
Tandis que Lui nous donne l'Être
En sorte que l'Acte (al-amr) tient à la fois de Lui et de nous.
Celui qui connait par mon coeur, à l'heure où Il nous donne la vie, le vivifie [par la connaissance] (2).
Nous étions en Lui des existences, des déterminations et des relations de temps.
Cet état [de la contemplation de nos possibilités permanentes en DIEU] ne persiste pas en nous,
Mais c'est ce qui nous vivifia.

Ce que nous disions du Souffle spirituel agissant à travers la forme humaine terrestre se trouve corroboré par le fait que DIEU s'attribue Lui-même " l'Expir de Clémence" . Or, l'attribution d'une qualité entraîne nécessairement tout ce que comporte [le symbolisme de] cette qualité; dans le cas présent, tu sais bien ce que l'expir [animal] comporte [de caractères élémentaires, tels que le dilatement, la propagation, la production du son, etc.]. C'est pourquoi l'on dit que l'Expir Divin englobe toutes les formes du monde; en effet, il est pour elles comme la Materia prima, qui, elle, n'est autre que la détermination première de la Nature universelle. Les quatre éléments (3) ne sont que des formes, parmi d'autres, de toutes celles qu'elle contient; ce qui est au dessus des éléments et au-dessus de tout ce qui est constitué par les éléments fait également partie, en tant que "formes", de la Nature universelle; c'est à dire que non seulement les esprits et les essences des sept sphères célestes (4), mais aussi les "esprits supérieurs" sont issus de la Nature universelle; c'est à  cause de cela, d'ailleurs, que DIEU les décrit comme rivalisant les uns avec les autres; car la Nature comporte la polarisation; l'opposition des Noms Divin - qui sont les relations [universelles] - les uns aux autres vient précisément de " l'Expir de Clémence" ; tandis que l'Essence, qui ne subit pas cette condition [polarisante], est "indépendante des mondes". Quant au monde, il fut produit "dans la forme" de son principe manifestant, qui lui n'est autre que l'Expir Divin (5).

L'Expir Divin s' "élève" en vertu de la chaleur qui lui est inhérente, il "descend" en vertu du froid  et de l'humidité, et se "fixe" et se "solidifie" en vertu de la sécheresse. La "précipitation" [du monde grossier] vient donc du froid et de l'humidité [c'est à dire de ce qui correspond à ces qualités dans l'ordre universel]; ainsi que l'on peut la constater en médecine : pour administrer une médecine accélérant la digestion, le médecin attend jusqu'à ce qu'il observe une précipitation dans l'eau du malade, précipitation qui se produira par une prédominance, dans l'organisme, du froid et de l'humidité  naturels.

D'ailleurs, [la polarisation primordiale qui qualifie la Nature universelle se trouve symbolisée par le fait que DIEU] pétrit l'argile de l'homme "avec Ses deux mains" qui sont évidemment opposées l'une à l'autre; bien que chacune d'elles soit en un certain sens, comme on l'a dit, une "main droite", leur distinction est néanmoins réelle, ne serait-ce que parce qu'elles sont deux. Car la Nature, qui comporte l'opposition, n'est régie que par ce qui lui correspond. Du reste, c'est à cause de ce pétrissement par Ses deux mains que DIEU appela l'homme bashar (coran XV, 28), ce mot faisant allusion à la "tendresse" (almubâsharah) qui fut prodiguée à l'homme par les deux Mains Divines qui le façonnèrent; ce qui signifie une faveur Divine particulière pour le genre humain, car [selon le Coran] DIEU dit à celui qui refusa de se prosterner devant Adam : " Qu'est-ce qui t'empêche de te prosterner devant ce que J'ai créé avec Mes deux Mains ? Es-tu orgueilleux (envers celui qui est ton pareil), c'est à dire, qui est fait des éléments comme toi), ou es-tu un des êtres supérieurs (al'-âlîn) - qui, eux, dépassent le domaine des éléments, ce qui n'est pourtant pas  ton cas !" - Nous entendons donc par esprits supérieurs ceux qui, par leur essence et dans leur nature lumineuse, s'élèvent au-dessus des éléments, tout en dépendant de la Nature universelle. L'homme ne dépasse les autres espèces du domaine élémentaire que parce qu'il est "pétri" par les "deux Mains" Divines; c'est par cela que son espèce est plus noble que toute autre espèce formée des éléments sans ce double attouchement Divin [qui correspond à la nature "centrale" de l'homme]; c'est à dire que l'homme possède une dignité supérieure à celle des anges terrestres [dont font partie les génies] comme aussi des anges célestes [peuplant les sept sphères célestes, formées des modalités subtiles des éléments], tandis que les Anges supérieurs sont meilleurs que le genre humain. Selon le texte sacré [puisqu'ils ne durent pas se prosterner devant Adam].

Celui qui veut connaître l'Expir (nafas) Divin, qu'il considère le monde; car, [selon la parole du prophète] "celui qui connaît son âme (nafsahu), connaît son Seigneur" qui se manifeste en lui; j'entends que le monde se manifeste dans l'Expir du Clément, par lequel DIEU "dilata" (naffasa) les possibilités impliquées dans les Noms Divins, les soulageant (naffasa) pour ainsi dire de la contraction de leur état de non-manifestation; et ce faisant, Il fut généreux envers Lui-même par ce qu'Il manifeste en Lui-même; de sorte que c'est de ce côté-là que s'affirme la première action de l'Expir Divin. Par la suite, l'Acte Divin ne cesse pas de descendre graduellement par le "soulagement (tanfîs) des angoisses" (6) jusqu'à la dernière des manifestations.

Tout est contenu dans l'Expir Divin 
Comme le jour dans le crépuscule du matin.
La Connaissance transmise par démonstration 
est comme l'aube pour celui qui somnole;
De sorte qu'il voit ce que j'ai dit, comme un songe,
symbole de l'Expir Divin,
Qui, après les ténèbres, le soulage de toute détresse.
Il S'est jadis révélé à celui qui vint pour chercher un tison,
Et qui Le vit comme un feu, alors qu'Il est une lumière dans les rois [spirituels] et dans les "voyageurs".
Si tu comprends mes paroles, tu sais que tu as besoin [de la forme apparente] :
Si [Moïse] avait cherché autre chose [que du feu],
Il L'aurait vu en elle, et non pas inversement.

Quant aux paroles que Jésus répondit [selon le Coran] à certaine question  que DIEU lui posa (sous le même rapport qui Lui fait dire ailleurs : " Nous les éprouverons jusqu'à ce que Nous sachions",
- J'entends, comme s'il voulait savoir si telle chose que l'on attribuait à Jésus était vraiment arrivée ou non, et cela bien qu'Il le sût de toute éternité), en lui disant : " Est-ce que tu as dit aux gens qu'ils prennent toi et ta mère pour divinités à côté de DIEU ?" (7), il fallait bien que la réponse fût conforme au rapport et à l'aspect sous lesquels se révéla l'interlocuteur; or, la Sagesse exigeait, dans ce cas, que la réponse respectât la dualité essentiellement contenue dans l'Unité; et c'est pour cela que Jésus dit - exaltant d'abord DIEU au-dessus des formes et Le définissant en même temps par le pronom de la deuxième personne, qui indique la confrontation - : " Exalté sois-Tu, il n'est pas à moi " - c'est à dire, à mon ego, qui se distingue de Toi - " de dire ce qui n'est pas à moi selon la vérité" - de par mon identité ou par mon essence individuelle -, "si je l'ai dit, Tu l'as su"; - car c'est en réalité Toi qui parlas, et celui qui parle c'est ce qu'il dit; Tu es la langue par laquelle je parle; (comme nous l'apprit l'Envoyé de DIEU - sur lui la paix ! - en rapportant le message Divin : "... et je suis la langue par laquelle Il parle, etc.", DIEU S'identifiant ainsi essentiellement à la langue de l'élu qui parle, la parole venant de l'individu). Par suite, le serviteur saint [Jésus] dit en continuant sa réponse : " Tu sais ce qui est en moi", - et c'est [implicitement] DIEU qui parle, - " et moi je ne sais pas ce qui est en Toi"; - c'est à dire, je ne sais pas ce qui est dans le Soi : cette parole nie seulement la connaissance de l'aséité (al-huwiyah) comme telle [dans son infinité] et non pas en tant qu'elle est l'auteur des paroles et des actes [de Jésus]. " En vérité, c'est Toi [le connaissant des secrets] "; par le pronom Toi il souligna la distinction, DIEU seul [dans Son infinité] connaissant tous les secrets.
Emir  Abdelkader
C'est ainsi qu'il sépara [l'individu de Son Essence Divine] et unit [les deux, en disant : " Si je l'ai dit, Tu l'as su..."]; il affirma l'unicité de DIEU et la multiplicité [qu'elle implique]; il envisagea l'universel et le particulier en même temps.

Il dit en terminant sa réponse : " Je ne leur ai dit que ce que Tu m'as ordonné de leur dire"; il commença par la négation, faisant allusion à ce qu'il n'avait pas d'existence [propre]; ensuite, il compensa cette négation par son affirmation à l'égard de son interlocuteur; s'il n'avait pas agi de la sorte, c'est qu'il aurait ignoré les Vérités Divines - et loin de lui une telle ignorance ! - Il dit donc : " que ce Tu m'as ordonné", puisque c'est Toi qui parles avec ma langue, puisque Tu es ma langue même ! Remarque cette considération de la polarité spirituelle et Divine [de l'Acte Divin et de ce qui le reçoit]; que pourrait-il y avoir de plus subtil ! - " [Je ne leur ai dit que ce que Tu m'as ordonné de leur dire :] adorez DIEU "; il employa le nom de DIEU (Allâh) à cause des différents points de vue des adorateurs et à cause de la différence des cultes, ce nom [Allâh] comprenant tous les aspects Divins sans affirmer aucun d'eux en particulier; et il ajouta : " mon Seigneur et votre Seigneur", car il est certain que le rapport qui fait de la Divinité le seigneur de tel être manifesté est quelque chose d'exclusif; et c'est pour cela qu'il distingua entre "mon Seigneur" et "votre Seigneur par les pronoms respectifs. Par les paroles : "... que ce que Tu m'as ordonné" il se décrit comme celui qui subit l'Ordre (al-amr) , ce qui correspond à son état de serviteur [parfait], car personne ne reçoit d'ordres qui n'est pas censé les exécuter, même s'il n'arrive pas à la faire.

Puisque l'Ordre [ou l'Acte] Divin se révèle conformément à la hiérarchie de l'Essence, tout ce qui en apparaît à un degré quelconque de cette hiérarchie se colore selon la réalité propre de ce degré.
Le degré de ce qui subit l'Ordre [ou l'Acte] implique certaine condition qui apparaît en tout ce qui reçoit un ordre; de même, le degré de l'Ordre [ou de l'Acte] implique une condition apparaissant en tout ce qui ordonne [ou agit]. Ainsi, DIEU dit : " Accomplissez l'oraison !" En quoi Il est l'ordonnant, alors que l'obligé au culte reçoit l'ordre; d'autre part, l'adorateur dit : " Seigneur, pardonne-moi !" Et cette fois-ci c'est lui l'ordonnant, tandis que DIEU reçoit l'ordre. Or, ce que DIEU exige par son ordre de la part de l'adorateur n'est autre que ce que l'adorateur demande par son ordre de la part de DIEU; et c'est pour cela, d'ailleurs, que toute prière est exaucée, même si la réponse est retardée. De même, il arrive que certains adorateurs, qui ont reçu l'ordre Divin d'accomplir l'oraison à telle heure, la retardent et l'accomplissent à l'heure seulement où ils peuvent; dans ce cas également, l'obéissance à l'ordre est différée, bien qu'elle doive certainement avoir lieu [de la part de l'adorateur véritable], ne serait-ce que par la seule intention [d'accomplir le rite ordonné].

Par suite, Jésus dit : " J'étais leur témoin" - il ne s'implique pas lui-même, comme il le fit en disant : " mon Seigneur" et "votre Seigneur" - "Tant que je demeurai parmi eux"; car les prophètes sont les témoins de leurs communautés tant qu'ils y vivent : " mais lorsque Tu me recueillis", - c'est à dire, lorsque Tu m'élevas auprès de Toi et Tu me cachas d'eux et me les cachas, - " Tu étais leur observateur", - non plus à travers ma substance, mais dans leurs propres substances, puisque Tu étais leur propre regard intérieur qui les observa; car la conscience qu'a l'homme de lui-même est la conscience de DIEU à son égard. Jésus désigna DIEU par le nom d'observateur (ar-raqîb), après s'être désigné lui-même comme le témoin, pour marquer la différence entre lui et son Seigneur, afin que l'on sût qu'il se considérait lui-même comme serviteur et DIEU comme son propre Seigneur. Or, sache qu'à DIEU, l'Observateur, appartient aussi le nom que Jésus, selon sa parole : "j'étais leur témoin", s'attribue à lui-même, car Jésus dit aussi : " Et c'est Toi qui est le témoin de toutes choses"; il dit "chose" (shay') au sens d'une négation des négations, de sorte que l'expression "toutes choses" comprend absolument tout; et il employa le nom Divin Le Témoin en ce sens que DIEU contemple la réalité propre et essentielle de toutes choses. Par là, il indiqua que DIEU Lui-même était le Témoin de la communauté de Jésus, dont il avait dit : " j'étais leur témoin, tant que je demeurai parmi eux"; il s'agit du Témoin Divin dans la substance de Jésus, selon le sens du message Divin bien connu, qui affirme que DIEU est la langue et l'ouïe et la vue [de l'élu]. Puis il prononça une parole qui est à la fois de Jésus et de Mohammed; elle de Jésus, parce que c'est à lui qu'elle est attribuée par l'Ecriture Divine; et elle est de Mohammed parce que celui-ci la prononça en une certaine occasion et qu'il la  récita  une nuit entière, sans passer à autre chose, jusqu'au lever de l'aube : " Si Tu les châties, ils sont Tes serviteurs; et si Tu leur pardonnes, c'est Toi le Puissant, le Sage." Le pronom "ils", comme le pronom "lui", exprime l'absence actuelle de celui dont on parle; et dans ce cas, l'absence de ceux dont Jésus dit : " Si Tu les châties, etc." est comme le voile qui leur cacha DIEU. C'est ainsi que Jésus les rappelle à DIEU avant qu'ils ne paraissent devant Lui, pour que le levain ait agi sur leur pâte, à l'heure où ils paraîtront devant DIEU, et que la pâte [leur substance réceptive] soit alors devenue pareille au levain [leur conscience spirituelle]. En disant : " ils sont Tes serviteurs", il affirme que c'est DIEU seul qu'ils adoraient; en même temps, il démontre leur extrême état d'humiliation, car personne n'est plus humilié que le serviteur ou esclave (al-'abd) qui ne dispose pas de lui-même mais dépend entièrement de la loi que lui impose son Seigneur unique. En les appelant "Tes serviteurs" (ou esclaves), il exprime  l'exclusive Seigneurie [de DIEU sur eux]; or, le châtiment signifie humiliation; mais ils sont déjà humiliés à l'extrême parce qu'ils sont des esclaves; leur nature même implique l'humiliation; [c'est comme s'il disait :] Tu ne les humilies pas plus que par le fait qu'ils sont Tes esclaves. " Et si Tu leur pardonnes", - c'est à dire, si Tu les couvres et les protèges du châtiment qu'ils s'étaient attiré, - "c'est Toi le Puissant (al-'azîz)" - à savoir, le protecteur. (Lorsque DIEU confère ce nom al-'azîz [qui signifie aussi "l'aimé", "le cher", "le précieux"] à l'un de Ses serviteurs, DIEU devient Lui-même l'amant à l'égard de ce serviteur et le préserve de l'interférence du Nom Le Vengeur, d'où provient le châtiment.)

D'autre part, Jésus distingua la Divinité de la créature, récapitulant d'ailleurs cette distinction par des affirmations analogues, comme : " car c'est Toi le Connaissant des secrets", " c'est Toi qui était leur observateur...", et " c'est Toi le Puissant, le Sage".

La parole : " Si Tu les châties, etc.", devint, sur les lèvres du prophète, une demande instante, car il la répéta à Son Seigneur pendant toute une nuit, jusqu'au lever de l'aube, implorant une réponse. S'il avait entendu la réponse dès la première demande, il n'aurait pas insisté; mais DIEU lui montra au fur et à mesure les raisons pour lesquelles ils méritaient le châtiment, et le prophète Lui dit chaque fois : " Si Tu les châties ils sont Tes serviteurs; et si Tu leur pardonnes, c'est Toi le Puissant, le Sage"; s'il avait pu reconnaître vers quel côté penchait la décision Divine, il aurait demandé le pardon pour eux dans le sens indiqué; cependant, DIEU ne lui montra, conformément au verset cité, que leur dépendance du pardon Divin. Selon le dire du prophète, DIEU, lorsqu'Il aime la voix de Son serviteur qui Le prie, diffère l'exaucement de la prière, pour que le serviteur répète sa prière, et Il agit ainsi par amour et non pas parce qu'Il se serait détourné de lui. Pour cette raison, Jésus mentionna le nom : le Sage (al-hakîm) car ce nom désigne celui qui met chaque chose à sa place et ne reste pas indifférent à ce qu'exige la réalité de chaque chose en vertu de ses qualités [particulières]; le sage est donc celui qui connait l'ordre des choses.

En répétant ce verset du Coran, le prophète contemplait une connaissance immense que DIEU lui avait donnée; que quiconque récite ce verset en soit conscient, ou qu'il se taise ! Lorsque DIEU oblige quelqu'un à persister dans une prière, Il ne le fait qu'en vue de l'exaucer et de satisfaire son besoin. Que personne ne se relâche donc dans la prière qui lui fut assignée, mais qu'il persiste avec l'endurance qu'avait l'envoyé de DIEU en récitant ce verset, dans tous les états, jusqu'à ce qu'il entende la réponse avec son oreille ou avec son ouïe, - comme tu voudras, ou comme DIEU le lui fera comprendre. Si DIEU t'accorde la prière de la langue, Il te fera entendre Sa réponse par l'oreille; et s'Il t'accorde la prière de l'esprit, Il te fera entendre Sa réponse par ton ouïe.

source : La Sagesse des Prophètes - Ibn'Arabi








1. " Lorsque Je l'aurai formé et que J'aurai soufflé dans lui de Mon Esprit..." (Coran, XV, 59).

2. Ce verset peut aussi se traduire de la manière suivante : Celui qui Le reconnut par mon coeur, à l'heure où Il nous donna la vie, Lui prêta la vie individuelle.

3. Considérés comme quatre fondements "naturels" à la fois du monde subtil et du monde corporel.

4. Qui sont "élémentaires" parce qu'ils participent des modalités subtiles des quatre éléments.

5. Selon cette conception, la Nature universelle - ou l'Expir Divin - est analogue à ce que la doctrine hindoue désigne comme la Shatktî ou Mâyâ.

6. Selon la doctrine des Pères grecs, le monde fut créé "par le Fils (le Verbe) dans le Saint Esprit" qui, lui, est aussi appelé le "consolateur". 


7. " Et lorsque DIEU dit à Jésus : As-tu jamais dit aux hommes : Prenez moi et ma mère pour divinités en dehors de DIEU ? Il répondit : Exalté sois-Tu ! Il n'est pas à moi de dire ce que je n'ai pas le droit de dire [ou : ce qui n'est pas à moi selon la vérité]. Si je l'ai dit, Tu l'as su; Tu sais ce qui est en moi, et je ne sais pas ce qui est en Toi, car c'est Toi le Connaissant des secrets. Je ne leur ai dit que ce que Tu m'as ordonné de leur dire : Adorez DIEU, mon Seigneur et votre Seigneur. Tant que je demeurai parmi eux, j'étais leur témoin, mais lorsque Tu m'as recueilli chez Toi, Tu étais leur observateur, car Tu es le témoin de toutes choses. Si Tu les punis, ils sont Tes serviteurs; et si Tu leur pardonnes, Tu es le Puissant, le Sage. - DIEU dit : Ce jour-ci est un jour où les justes gagneront à leur justice; les jardins arrosés par des fleuves seront leur séjour perpétuel. DIEU sera satisfait d'eux et ils seront satisfaits de DIEU. Ceci est la béatitude immense" (coran V, 115-118). Il est à remarquer que l'expression "divinités en dehors en DIEU", au début de ce passage coranique, définit très exactement l'erreur qui, sans être justifié par la doctrine chrétienne, peut pratiquement s'introduire dans le culte  du "Fils de DIEU" et de la "Mère de DIEU". En raison de l'abus survenu dans le sein de la Chrétienté, le Coran affirme la transcendance Divine. Le symbolisme de la Theotokos est cependant implicitement affirmé dans le passage Coranique suivant : " Nous fîmes du fils de Marie et de sa mère [c'est à dire de la mère de Jésus] un symbole. Nous leur donnâmes comme demeure un lieu élevé, tranquille [ou : immuable] et abondant en sources" (Coran XXIII, 49). 


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