samedi 14 décembre 2013

LA MORT DE RÛMI (Eva de Vitray-Meyerovitch)

" La nuit des noces..." (sheb-el-arus): c'est le 17 décembre qu'il s'agit, en Turquie chacun le sait; le jour où l'on commémore le départ pour la vie éternelle de celui qui, durant toute son existence terrestre, avait aspiré à la suprême rencontre. Lors de sa dernière maladie, à un ami venu lui souhaiter une prompte guérison, Rûmi répondit:

"Quand entre l'Amant et l'Aimé il n'y a plus qu'une chemise de crin, ne voulez-vous pas que la lumière s'unisse à la lumière ?"

Et il récita :
Pourquoi serais-je affligé, puisque chaque parcelle de mon être est épanoui ?
Pourquoi ne sortirais-je pas de ce puits ? N'ai-je pas une corde solide ?
J'ai construit un pigeonnier pour les pigeons des âmes.
Ô oiseau de mon âme ! Envole-toi, car je possède cent tours fortifiées.
(Aflâki, op. cit., II, p. 89.)

N'avait-il pas, jadis, mis en garde ceux qui seraient tenté de se livrer aux regrets :
Quand au jour de ma mort on portera ma bière,
Ne pense pas que mon cœur soit resté en ce monde.
Ne pleure pas sur moi, ne dis pas : "Malheur, malheur !"
Tu tomberais dans le piège du démon : cela, c'est le malheur.
En voyant mon cadavre, ne t'écrie pas : "Parti, parti !"
L'union et la rencontre seront miennes à présent.
Si tu me confies à la tombe, ne dis pas : "Adieu, adieu !"
Car la tombe nous voile l'union du Paradis.
Tu as vu le déclin; découvre l'élévation.
A la lune, au soleil, le coucher causerait-il du tort ?
A toi, cela paraît un coucher : en réalité, c'est une aurore.
La tombe te semble une prison ? C'est la libération de l'âme.
Quelle graine semée en terre qui n'ait un jour germé ?
Pourquoi douter ? L'homme, lui aussi, c'est une graine enterrée.
Quel seau descendit vide sans remonter rempli ?
L'esprit est comme Joseph : se plaindrait-il du puits ?
Garde ici bouche close pour l'ouvrir dans l'ailleurs
Et que par-delà l'espace sonne ton chant de victoire.
(Odes mystiques, 911)

Lorsque se fut levée ce que Rûmi avait appelé l'aube de la mort (Mathnawî, IV, 3628 s.), tous les habitants de Konya, sans distinction de croyances, prirent le deuil.
Aflâki décrit ainsi les funérailles :

" Après qu'on eut apporté dehors le corps sur un brancard, la totalité des grands et du peuple  se découvrit la tête; les femmes, les hommes, les enfants étaient présents. Il s'éleva un tel tumulte qu'il ressemblait à celui de la grande Résurrection. Tous pleuraient, et la plupart des hommes marchaient, poussant des cris, déchirant leurs vêtements, le corps dénudé. Les membres des différentes communautés et nations étaient présents, chrétiens, juifs, grecs, arabes, turcs, etc. Ils marchaient devant, chacun tenant haut leur Livre sacré. Conformément à leurs coutumes, ils lisaient des versets des Psaumes, du Pentateuque et de l’Évangile, et poussaient des gémissements de funérailles; les musulmans ne pouvaient pas les repousser à coups de bâtons ou de plat de sabre. Il se leva un tumulte immense, dont la nouvelle parvint au grand Sultan et au Pervané, son ministre; on fit  venir les chefs des moines et des prêtres et on leur demanda quel rapport cet événement pouvait avoir avec eux, puisque ce souverain de la religion était le directeur et l'imam obéi des musulmans. Ils répondirent: "En le voyant, nous avons compris la vraie nature de Jésus, de Moïse et de tous les Prophètes; nous avons trouvé en lui la même conduite que celle des prophètes parfaits, telle que nous l'avons  lue dans nos Livres. Si vous autres musulmans vous dites que Notre Maître est le Mohammed de son époque, nous le reconnaissons de même pour le Moïse et le Jésus de notre temps; de même que vous êtes ses amis sincères, nous aussi, nous sommes, mille fois plus, ses serviteurs et ses disciples. C'est ainsi qu'il a dit:
- Soixante-douze sectes entendront de nous leur propre mystère. Nous sommes comme une flûte qui, dans un seul mode, s'accorde avec deux cents religions.
- Notre Maître est le soleil des vérités, qui a brillé sur les mortels et leur a accordé Ses faveurs; tout le monde aime le soleil, qui illumine les demeures de tous".
" Un autre prêtre grec dit: "Notre Maître, c'est comme le pain qui est indispensable à tout le monde. A-t-on jamais vu un affamé s'enfuir loin du pain ? Et vous, que savez-vous qu'il était ?" Tous les grands se turent. Cependant, d'un autre côté, les lecteurs du Coran à la douce prononciation lisaient des versets merveilleux; il s'élevait un tumulte lugubre et douloureux; les muezzins à la voix agréable appelaient à la prière de la Résurrection; vingt troupes de chanteurs excellents récitaient les chants funèbres que notre Maître avait lui-même composés auparavant" (Aflâkî, op. cit., II, p. 97).
Depuis lors, l'anniversaire de la mort de Mawlânâ donne lieu à Konya à des cérémonies solennelles et l'on célèbre le samâ, l'oratorio spirituel, en souvenir de celui qui avait dit lui-même :

Le Roi de la pensée sans trouble
En dansant s'en est allé
Vers l'autre pays,
Le pays de la Lumière.

Rûmi avait dit : " Si tu nous cherches, cherche-nous dans la joie, car nous sommes les habitants du royaume de la joie." Aussi la mort elle-même doit-elle être un motif de se réjouir :
" Un jour, au service du Maître, une personne dit:
"Tous les prophètes et les êtres privilégiés ont tremblé devant l’effroi de la mort et de ses tourments." Le Maître répliqua : " Dieu nous garde de leur sentiment ! Est-ce que les hommes savent ce qu'est la mort ? La mort, pour les mystiques, c'est la vue de la Vérité suprême:
comment fuiraient-ils devant cette vue ?" (Aflâki, op. cit., I, p. 242.)

"... Les récitants du Livre sacré qui marchent en tête des obsèques témoignent que la mort a été, à la fin, vrai croyant, musulman et mystique; et aussi que l'esprit humain, qui pendant des années avait été emprisonné dans le geôle du monde et les oubliettes de la nature, qui avait été captif dans le coffre du corps, a été délivré soudainement par la grâce de Dieu et est parvenu à son centre primitif. N'est-ce pas un motif de réjouissance, de concerts et de remerciements ? En manifestant ainsi sa joie, il désire revenir auprès du Seigneur glorieux, et cela incite aussi les autres à jouer leur vie audacieusement; car si, dans les apparences extérieures, on délivre quelqu'un de la prison et on le couvre d'honneurs, sans aucun doute ce sera le motif de milliers de reconnaissances et de joies ? En réalité, la mort de nos amis est selon ce qui a été dit :

Lorsqu'ils ont brisé leurs liens, ce fut un moment de joie.
Ils se sont élancés vers le jet d'eau du bonheur; ils ont rejeté la cangue et ses chaînes.
L'âme royale s'est élancée hors de sa prison : pourquoi nous lamenter ?"
                                                                                                                      (Aflâki, op. cit., I, p. 213)

Debout, amis, partons. Il est temps de quitter ce monde.
Le tambour résonne du ciel, voici qu'il nous appelle.
Vois: le chamelier s'est levé, il a préparé la caravane
Et veut s'en aller. Ô voyageurs, pourquoi dormir ?
Devant nous, derrière nous, s'élèvent le tintement des clochettes, le tumulte du départ.
A chaque instant, une âme, un esprit s'envole, là où il n'est plus de lieu.
De ces lumières stellaires, de ces voûtes bleues du ciel,
Sont apparues des figures mystérieuses, qui révèlent des choses secrètes.
Un lourd sommeil est tombé sur toi des sphères tournoyantes.
Prends garde à cette vie si  légère, méfie-toi de ce sommeil si lourd.
Âme, cherche le Bien-Aimé, ami, cherche l'Ami.
Ô veilleur, sois sur tes gardes : il ne sied pas au veilleur de dormir.
(Diwân-e Shams-e Tabrîzî, trad. inédite.)

Notre mort, c'est nos noces avec l'éternité.
Quel est son secret ? " Dieu est Un."
Le soleil se divise en passant par les ouvertures de la maison;
Quand ces ouvertures sont fermées, la multiplicité disparaît.
Cette multiplicité existe dans les grappes :
Elle ne se trouve plus dans le suc qui sourd du raison.
Pour celui qui est vivant dans la Lumière de Dieu,
La mort de cette âme charnelle est un bienfait.
A son sujet, ne dis ni mal ni bien,
Attache tes regards sur Dieu et ne parle pas de ce qui est invisible.
Afin que dans  ton regard il mette un autre regard.
C'est la vision des yeux corporels qui constitue cette vision
Pour laquelle n'existe aucune chose invisible et secrète.
Mais quand le regard est tourné vers la Lumière de Dieu,
Sous une telle Lumière, quelle chose pourrait demeurer cachée ?
Bien que toutes les lumières émanent de la Lumière Divine,
Ne nomme pas toutes ces lumières "Lumière de Dieu";
C'est la Lumière éternelle qui est la Lumière de Dieu;
La lumière éphémère est l'attribut du corps et de la chair.
(...) Ô Dieu qui conférés le don de la vision !
L'oiseau de la vision s'envole vers Toi avec les ailes du désir...
(odes mystiques, 833.) 

Source: Rûmi et le soufisme (Eva de Vitray Meyerovitch)

lundi 23 septembre 2013

La prière du besoin - al-Ghazali

Celui qui est en difficulté et qui est touché par un besoin relatif à sa foi et sa vie ici-bas qu'il ne peut satisfaire est tenu d'accomplir cette prière. On rapporte que Wâhib ibn al-Ward a dit : " Il y a une invocation qui n'est pas rejetée elle consiste en ceci : le serviteur accomplit une prière de douze rak'a en récitant au cours de chacune d'elles la Liminaire, le verset du Trône et la sourate le Culte Pur. Lorsqu'il termine cette prière il se prosterne et dit : Gloire à Celui qui se revêt de la Gloire et la manifeste ! 
Gloire à Celui qui se pare de la Grandeur et qui l'accorde généreusement ! Gloire à Celui qui a tout recensé par Sa Science ! Gloire à Celui qu'on doit glorifier à l'exclusion de tout autre ! Gloire au Maître de la générosité et de la faveur ! Gloire au Maître de la gloire et de la largesse ! Gloire au Maître de la Puissance. Je T'implore par la magnificence de la gloire de Ton Trône et l'incommensurabilité de la miséricorde dans Ton Livre, par Ton Nom Suprême, par Ta grandeur sublime et par Tes paroles parfaites qu'aucun humain, qu'il soit bon ou mauvais, ne peut atteindre, d'accorder la grâce à Mohammed et à la famille de Mohammed !
Ensuite il fait sa demande qui ne doit pas comporter une désobéissance et il sera exaucé si Dieu le veut."

Et Wâhib d'ajouter : " On dit qu'il ne faut pas apprendre cette invocation aux vils pour qu'il n'y trouvent pas une aide pour désobéir à DIEU." 

source: Les Secrets de la Prière en Islam (Ghazali)

dimanche 8 septembre 2013

LES RUSES DE SATAN (Futuhat-al-Makkiya) Ibn'Arabi

Sache que lorsque les passions dominent l'âme et que les savants recherchent les honneurs auprès des souverains, ils quittent la "route blanche" et se dirigent vers des interprétations (ta'wîlât) laxistes afin de satisfaire les désirs que la passion inspire aux rois de sorte que ces derniers puissent les assouvir en s'appuyant sur un motif légal. Et même si le faqîh (juriste) ne croit pas lui-même au bien-fondé de sa décision, il prononce une fatwa en ce sens.

Nous avons vu un grand nombre de ces gens agir comme cela, qu'ils soient d'entre les qâdi ou les fuqahâ'.

Le roi Al-Zâhir Ghâzî, fils du roi Al-Nâsir Salâh al-Dîn Yûsuf b. Ayyûb m'en rapporta un exemple au cours d'une discussion que nous eûmes à ce sujet. Il appela un esclave et lui dit : " Apporte-moi le port-feuille (haramdân)". Je l'interrogeai : " Qu'y a-t-il dans ce porte-feuille ?" Il répondit : " Tu désapprouves les choses blâmables et les injustices qui se passent dans ma cité et dans mon royaume ? Par DIEU, je suis, comme toi, convaincu que tout cela est blâmable ! Néanmoins, ô Maître, il  n' y a pas une seule de ces choses blâmables qui ne résulte de la décision rendue par un juriste (faqîh) et d'un écrit de sa main que je possède, l'autorisant. Que la malédiction de DIEU soit sur eux ! Ainsi un juriste, il s'agit d'Untel - et il me désigna le juriste le plus réputé dans son pays pour sa foi et sa vie ascétique - a rendu une fatwa selon laquelle il ne m'est pas prescrit de jeûner pendant le mois de Ramadan en particulier, l'obligation étant seulement de jeûner un mois quelconque de l'année; il me revenait ainsi de choisir celui des mois de l'année que je désirais." Le Sultan me dit alors : " Je l'ai maudit intérieurement sans le lui manifester ouvertement parce que c'était Untel" - et il me le nomma.

Sache que DIEU a donné à Satan un pouvoir sur l'imagination. Lorsque Satan constate chez un faqîh une inclination vers une passion que DIEU réprouve, il lui suggère une interprétation inhabituelle qui lui fait voir comme bon un acte mauvais et lui facilite la découverte d'une solution accommodante. Satan lui dit : " Les hommes de la première génération [celle des Compagnons du Prophète] se sont acquittés de leurs devoirs religieux en usant de leur jugement personnel (ra'y); les savants se sont servis du raisonnement par analogie en matière de statuts légaux. Ils ont mis à jour les causes (al-'ilal) et ont statué sur les choses dont la Loi ne dit rien, comme ils l'ont fait sur les choses à propos desquelles la Loi est explicite, en s'appuyant sur le fait que ces choses ont une seule et même cause (li l-'illa al-jâmi'a baynahumâ). Or c'est par décision personnelle qu'ils ont établi cette cause."


Lorsque Satan lui a ainsi facilité cette voie, il s'efforce d'obtenir ce que lui dicte sa passion d'une manière qui soit à ses yeux légale, et ne cesse de procéder ainsi en tout ce dont la possession ou la soumission à son autorité est pour lui objet de désir. Il rejette les hadith du Prophète en déclarant : " Si ce hadith était authentique..." - ou, lorsque le hadith est évidemment authentique : " S'il n' y a avait un autre hadith qui contredit ou abroge celui-ci - , l'Imam al-Shâfi'î aurait retenu cette solution [mais puisqu'il ne l'a pas fait, il n' y a pas lieu de tenir compte du hadith authentique]". Cela, si cet homme est shâfi'ite. S'il est hanafiste, il déclarera : " Abû Hanîfa aurait retenu cette solution." Et ainsi de suite pour ceux qui suivent tous ces imâms : ils prétendent que le hadith et son utilisation sont une source d'erreur, et que ce qui est impératif, c'est de suivre aveuglément l'avis l'avis de ces imâms et leur exemple dans les jugements qu'ils ont rendus.



Dans le cas où ces jugements sont en contradiction avec les traditions d'origine prophétique, ils ont recours aux premiers et laissent de côté les akhbâr, le Livre ou la Sunna. Et quand je leur dis qu'on rapporte que Shâfi'î déclarait : " S'il arrive qu'un hadith soit en contradiction avec mes propos, rejetez mes propos contre le mur et choisissez le hadith, car ma doctrine (madhhabî), c'est le hadith !"; ou encore qu'Abû Hanîfa a déclaré a ses compagnons : " Il est formellement interdit, à quiconque émet une fatwa selon mes dires, de le faire sans connaître ce qui m'a servi de preuve (dalîl)" - or je ne rapporte venant d'Abû Hanîfa qui ne me soit parvenu par le canal des hanafîtes, et rien de Shâfi'î qui ne me soit parvenu par le canal des shâfi'îtes, et de même en ce qui concerne les mâlikites et les hanbalites - lorsqu'il m'arrive, donc, d'acculer ainsi les juristes au cours d'un débat, ils se dérobent sans rien dire. Cela m'est arrivé avec eux plusieurs fois en Occident et en Orient.
En vérité, pas un seul d'entre eux n'appartient véritablement au madhhab auquel il prétend appartenir ! La Loi sacrée a été abrogée par les passions ! Et cela bien que les akhbâr rapportés dans les livres authentiques (les Sahîh de Bukhâri et Muslim), les biographies [des transmetteurs où se trouvent les informations] concernant leur approbation (ta'dîl) ou leur improbation (tajrîh) et les recueils d'isnâd aient été conservés et protégés des altérations et des interpolations !



Mais quand on cesse d'utiliser ces akhbâr et quand les hommes se préoccupent du ra'y et se soumettent aux fatwa de ceux qui les ont précédés alors qu'elles sont en contradiction avec les akhbâr authentiques, alors il n'y a plus de différence entre l'inexistence ou l'existence de ces akhbâr puisqu'ils n'ont plus aucune espèce d'autorité à leurs yeux. Quelle abrogation plus énorme que celle-ci peut-il y avoir ? Et si tu fais une objection à l'un de ces savants, il te répondra que c'est ainsi dans son école (madhhab). Par DIEU, quel menteur ! Le fondateur de ce madhhab lui a dit : " Lorsque le khabar contredit mes propres paroles, adopte le hadith et rejette mes opinions aux latrines. En vérité mon école c'est le hadith." Si cet individu agissait vraiment avec équité, faire partie de l'école de Shâfi'î consisterait pour lui à délaisser les paroles de Shâfi'î au profit du hadith chaque fois qu'elles sont en contradiction avec lui.
Que DIEU les assiste tous !

source: Al-Futûhâ al-Makkiyâ (Les illuminations de la Mecque) - Ibn'Arabi 

vendredi 12 juillet 2013

La Lumière est venue à toi, prends-la donc et ne t'arrête pas au parchemin - Ibn'Arabi

La Lumière est venue à toi, prends-la donc et ne t'arrête pas au parchemin !

Car celui à qui l'or a apporté son éclat fait peu de cas de ce qui est écrit avec l'encre.

Préoccupe-toi donc de la description de la Divinité et regarde-la, unique, dans l'isolement !

Ecoute bien quand tu es appelé et purifie tes paroles quand tu appelles !

Revêts pour ton Maître un habit de pauvreté pour obtenir la faveur de l'Unique (al-Wâhid) généreux!

Et dis, si tu viens à Lui en pauvre : Seigneur ! dont l'amour est mon soutien.

Verse la boisson de l'Union à un amant qui n'a cessé de se plaindre de la soif de la séparation !

Égaré, longtemps, sans lumière car il ne voyait que les serviteurs.

Sois alors pour lui la lumière tant que continueront ses quelques jours illusoires !

Jusqu'à ce que meure de rage l'Ennemi et que s’éteigne la braise de la rébellion.

Les hommes seront dans l'étonnement devant un personnage guidé dans la bonne voie après l'égarement.

Celui qui était mort et qui est devenu vivant est dès lors au-dessus des distances.

Celui qui connait la Vérité par une connaissance savoureuse ne mêle plus l'errement à la voie droite.

Celui à qui la certitude (yaqîn) apporte une révélation ignore le plaisir du sommeil.

Louange à DIEU seul ! que DIEU prie sur le seigneur des mondes et le chef de la troupe des êtres les plus nobles, Mohammed, sur sa famille et ses compagnons, et qu'Il les salue !

source: La profession de Foi - Ibn'Arabi

mardi 21 mai 2013

L'AMOUR DE DIEU POUR LA BEAUTÉ (suite et fin) - IBN'ARABI

... Nous venons de te présenter sommairement certains attributs que DIEU aime rencontrer chez l'homme et qui sont en grand nombre. Nous t'avons ainsi exhorté tout en respectant les sources d'autorité et nous t'avons montré comment l'amant se comporte l'amant par leur moyen.

Nous allons maintenant mentionner brièvement d'autres attributs - nous réservant de revenir plus en détail sur certains d'entre eux dans le dernier chapitre - véritables règles convenant à l'amour que l'être doit posséder, si DIEU veut, pour être nommé amant. Citons donc :


L'être occis,
démuni de raison,
dont la démarche est vers DIEU par Ses Noms,
mobile comme l'oiseau,
toujours en veille,
dissimulant son affliction,
aspirant à se dégager de ce bas monde pour rencontrer son Bien-Aimé,
éprouvant de la lassitude en raison du voile indissociable 
qui s'interpose entre lui et la rencontre de son Bien-Aimé,
soupirant vers Lui abondamment,
trouvant le repos dans le propos et le souvenir de son Bien-Aimé
par la récitation de Sa Parole,
approuvant ce qu'aime le Bien-Aimé,
craignant de faillir au caractère sacré du service qu'il Lui doit,
minimisant l'importance qu'il attache à sa personne
devant la réalité de son Seigneur, et faisant grand cas du peu qu'il reçoit
de son Bien-Aimé,
s'attachant à obéir à son Bien-Aimé et évitant de Lui désobéir,
ravi totalement à lui-même,
ne réclamant pas le prix du sang pour son occision,
constant dans l'adversité à laquelle la nature de l'être
veut se soustraire en raison de la tutelle que le Bien-Aimé
lui impose,
le cœur tout éperdu d'amour,
préférant le Bien-Aimé à toute autre compagnie,
s'effaçant sous l'effet d'une affirmation (de son Bien-Aimé)...



source : Le Traité de l'Amour (Ibn'Arabi)

lundi 20 mai 2013

L'Amour de DIEU pour la Beauté (jamâl) - Ibn'Arabi 1

Vient de cette conformité à DIEU et à Son Prophète, l'amour de la beauté qui est un attribut Divin.
Dans un des recueils sûr de hadiths, il est affirmé que le Messager de DIEU - sur lui la grâce et la paix - a dit : "En vérité, DIEU est Beau (jamîl) et  aime la Beauté (jamâl)." Il nous exhorte donc à L'aimer par ce terme : beau.

Sous cette notion de beauté se cachent deux aspects : 
Le premier consiste à considérer  la Beauté de la perfection (kamâl) qui est la Beauté de la Sagesse (hikmâ). L'amant aime DIEU dans les choses instaurées avec une sagesse accomplie (muhkâm) et qui relèvent de l'Oeuvre d'un Sage. Certains ne parviennent pas à ce degré (et c'est en  cela que consiste le second aspect de la Beauté) et ne possèdent pas la connaissance de la Beauté (en soi), mais plutôt celle de la beauté conditionnée qui repose sur une motivation que la Loi sacrée précise dans cette sentence prophétique : "Adore DIEU comme si tu Le voyais..." La particule comme (ka) a ici une fonction attributive et celui qui n'est pas arrivé à assimiler davantage que cette beauté conditionnée s'imagine qu'il en est bien ainsi. Il restreint donc DIEU par cette faculté comme il Le circonscrit au moyen de l'orientation rituelle (qibla) (dans la prière canonique en s'imaginant que DIEU s'y trouve, ainsi qu'il est rapporté dans cette nouvelle prophétique: " DIEU est dans la qibla de celui qui Le prie").

L'amant aime donc DIEU pour Sa Beauté sans encourir de désapprobation puisqu'il y est tenu par la Loi révélée, mais à la seule mesure de sa capacité : DIEU impose l'âme à la seule mesure de sa capacité (Coran II, 233). Il nous faut donc aimer DIEU - exalté soit-Il - pour Sa Beauté.

Sache que le monde, créé par DIEU en parfaite économie et selon des principes de perfection, est comme en a parlé l'Imam Hâmid al-Ghazâli : "De toutes les réalités possibles, rien n'est plus incomparable que ce monde."


D'autre part, le Prophète a rapporté que DIEU - exalté soit - Il - a créé Adam selon Sa Forme. L'homme est donc la synthèse (majmû) du monde. La connaissance que DIEU a du monde n'est que celle qu'Il a de  Lui-même, car Lui seul se trouve dans l'Existence universelle (wujûd).
Il faut donc que l'homme soit constitué selon la Forme même de DIEU. Lorsqu'Il le fit apparaître sous l'aspect individuel ('ayn), l'homme devint la propre théophanie (majalla) de DIEU. Pour cette raison, il ne voit dans le monde que la Beauté de DIEU et aime la Beauté. En conséquence, le monde est la Beauté de DIEU, Lui qui est le Beau et l'Amant de la Beauté ! Aussi, celui qui aime le monde sous cet aspect l'aime-t-il par amour de DIEU et n'aime, en définitive, que Sa propre Beauté. On en déduit que la Beauté de l'Ouvrage Divin (çanha) ne doit pas être rapportée à celui-ci, mais bien au Maître d'oeuvre de la Beauté du monde qui est celle de DIEU.

La forme de la Beauté du monde, ou de celle des choses, est insaisissable (daqîq), étant donné son aspect duel, comparable à deux personnes aimées d'un amour naturel. Il s'agit, par exemple, de deux jeunes filles ou de deux adolescents qui partagent les caractéristiques humaines et qui en sont comme deux prototypes. Ils représentent aussi la perfection formelle qui est le principe de la perfection corporelle et psychique, forme qui assure l'intégrité de l'être dans sa réalité synthétique et dans ses éléments constitutifs et qui vient s'opposer à la difformité et aux infirmités.



L'une de ces deux créatures a reçu la beauté extérieure en partage et tous ceux qui la voient l'aiment; l'autre la laideur et ceux qui la voient éprouvent de la répulsion pour elle. S'agit-il alors de la beauté dont le nom peut s'appliquer à toutes les formes d'une manière générale, au point que tous ceux qui voient quelqu'un l'aiment ?

Nous venons de confier cette connaissance à ta considération. Cette attraction apparaît chez l'amant quand l'amour qu'il ressent pour un être survient à la suite d'une unique rencontre et non après l'amitié ou la fréquentation.

Réfléchis donc et considère bien cette question pour bien comprendre, si DIEU veut, le secret de cette réalité par laquelle DIEU se qualifie de beau et s'attribue l'amour de la Beauté, même sous les traits de Sa créature répugnante et nuisible, ou encore devant les choses monstrueuses qui enfreignent les lois naturelles ou conventionnelles. 

à suivre...
source : Traité de l'Amour (Ibn'Arabi)

samedi 4 mai 2013

Les Mariées de DIEU (Rûmi)

Les vrais saints sont cachés. " Mes amis sont sous Mes dômes", dit la parole Divine extra-coranique, et DIEU seul les connaît; Ils sont couverts et invisibles, comme s'ils étaient les mariées de DIEU.
Ils ne se vantent pas de leurs merveilleuses facultés, mais au contraire les cacheraient plutôt sous des formes humbles, voire méprisables, comme l'illustre le conte de Kharaqânî dans le Mathnâwî. Cet aspect de la vraie sainteté transparaît avec une évidence particulière dans la profonde loyauté de Maulânâ envers l’orfèvre Salâhuddîn, dont la plupart des gens de Konya (en Turquie) ne comprenaient pas la richesse spirituelle, sans parler de l'apprécier.


La présence du saint est absolument nécessaire pour que le disciple soit guidé, car il intègre les paroles Divines et les énonce comme un perroquet derrière le miroir, apprenant au disciple à parler. Sans ce guide, un voyage de deux jours prendrait cent ans, et " celui qui n'a pas de cheikh, son cheikh est Satan". Les dangers sur le chemin sont multiples et seul l'homme de DIEU peut montrer à l'adepte comment éviter les nombreuses embûches. Toutefois, le saint vit aussi dans son propre monde. Le matin, des êtres spirituels le visitent; le temps et l'âge n'ont pour lui pas de sens; il est juvénile et pourtant se souvient du temps avant la création de " la maison d'argile et d'eau" (cet univers), car il était avec DIEU.
Maintenant il vit en DIEU, marchant parmi les gens, cependant jamais séparé de Lui en qui il a annihilé ses humbles qualités, s'étant investi à présent de Ses qualités.

source ; l'incendie de l'âme (l'investiture spirituelle de Rûmi)

lundi 8 avril 2013

La Lumière des étoiles montantes -(voyage vers le Maître de la Puissance) - IBN'ARABI

"La lumière des étoiles montantes". Le cheikh a dit : "Les étoiles montantes (tawali') est une expression technique employée pour désigner les lumières de la déclaration d'unité (tawhid) naissant dans le coeur des gnostiques, et qui éteignent toutes les autres lumières" - c'est à dire les lumières des preuves spéculatives, et non celles des preuves prophétiques et révélatoires. Et elles éteignent également les lumières de l'intuition.
C'est le tawhid que DIEU attend de son fidèle. La part de réflexion spéculative que cela suppose se réduit à la déclaration d'unité de degré; Son existence en tant qu'objet d'un culte particulier, si bien que nul autre que Lui ne peut être adoré. A ce propos, dit-il, l'évidence est claire.

source: Voyage vers le Maître de la Puissance (Ibn'Arabi)

Graines de lumière – Actes du colloque | AISA

Graines de lumière – Actes du colloque | AISA:

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lundi 11 mars 2013

Conscience sans objet: Ibn Arabi ou le Sheikh Al Akkbar

Conscience sans objet: Ibn Arabi ou le Sheikh Al Akkbar: Ibn Alî 'Ibn Arabî al-Hâtimî, plus connu sous son seul nom de Ibn ’Arabî, est né le 27 Ramadan 560 de l'Hégire (6 août ...

Soufisme et confréries en Islam 3 (Amadou Hampaté Bâ)

... La vertu première du dhikr tient au fait qu'il s'agit, nous l'avons dit, de Noms sacrés tirés du Verbe révélé lui-même, donc porteurs d'une intense énergie spirituelle (1). Cette énergie se trouvera comme actualisée, déployée, par le nombre des répétitions, ce nombre ayant un rapport avec la valeur numérale des lettres qui composent le Nom Divin.

Le grand danger serait toutefois de considérer le dhikr, en raison même de sa puissance, comme une "recette" pour accéder systématiquement à des états extatiques ou supérieurs. C'est d'ailleurs pourquoi il ne doit être pratiqué que sur autorisation expresse d'un moqaddem ou d'un maître. Lorsque le dhikr est collectif, donc plus intense, il doit être effectué sous la direction et le contrôle attentif d'un maître. L'objectif n'est pas de rechercher systématiquement des "états" (hal), mais de se rapprocher de DIEU en se vidant, grâce au dhikr, de tout ce qui n'est pas Lui.

" Tout acte, a dit le prophète, ne vaut que par l'intention" (niyya). Il convient donc d'être très vigilant quant à son intention profonde lorsqu'on se livre à un exercice spirituel tel que le dhikr. Ce dernier est un moyen pour réaliser la purification progressive du coeur et réchauffer la foi, tout comme le souffle de la forge active le feu qui fera fondre le métal. Mais le moyen ne saurait être considéré comme une fin en soi. La seule fin, c'est DIEU, qui doit être adoré pour Lui-même et non pour les dons qu'Il est libre de nous octroyer ou non.

Le dhikr contient d'ailleurs en lui-même son propre antidote. La mention perpétuelle du Nom de DIEU, qui mène à percevoir progressivement sa réelle présence, conduit en effet le coeur à s'abaisser et à s'abîmer devant son Créateur et, finalement, comme le demande l'Ihsân, à "vivre sous son regard".

Selon une définition du grand mystique Al-Junayd, le tasawwuf (soufisme) consiste en ce que " DIEU fait mourir l'homme à son moi afin qu'il vive en Lui". Un autre grand soufi, Abou Yazid al-Bistani, disait : "Je me suis desquamé de mon moi comme un serpent de sa peau."

Cette mort à soi-même est appelée fana (littéralement extinction, comme s'éteint la flamme d'une bougie) tandis que la vie en DIEU et par DIEU, qui est son corollaire, est appelé baqâ : surexistence (continuité, permanence).

" Le rôle des soufi, disait Mohammed Abduh(2), est de guérir les coeurs et d'éliminer tout ce qui voile l'oeil intérieur. Ils s'efforcent d'établir leur demeure en l'Esprit, devant la Face de Celui qui est la très haute Vérité, jusqu'à ce qu'ils soient, par Lui, retirés de tout ce qui est autre, leur essence étant éteinte en Son Essence, et leurs qualités en Ses Qualités (3)."

Mais quelle parole pourrait mieux exprimer cet état de fana/baqâ (extinction de soi/vie en DIEU et par DIEU) que ce hadith qudsi ou "hadith saint" dans lequel DIEU, par la bouche du Prophète, parle à la première personne, hadith qui a été médité par les soufi de tous les temps :

" Que mon serviteur ne cesse de s'approcher de Moi par des oeuvres surérogatoires (4) jusqu'à ce que Je l'aime. Et quand Je l'aime, Je suis l'ouïe par laquelle il entend, la vue par laquelle il voit, la langue par laquelle il parle, la main par laquelle il saisit." Une variante ajoute : " Quand Je l'aime Je le tue, et quand Je le tue, c'est Moi qui suis sa rançon."

On pourrait dire que tout le soufisme est basé sur ce hadith, tant pour la méthode (les oeuvres surérogatoires) que pour l'objectif suprême : l'investiture Divine (baqâ') après la mort à soi-même (fanâ).

Certes, avant d'atteindre de tels degrés, il existe bien des étapes intermédiaires et bien des épreuves, sur le chemin où nous guette constamment le Makarou, l' "illusion Divine" (5). C'est pourquoi l'aide d'un maître est nécessaire. Les limites de chacun dépendront de ses dispositions propres, de la qualité de son effort, et, finalement, de la libre grâce Divine.
Par une attitude de tawakkul (abandon conscient à la volonté Divine), le croyant sincère s'efforce de réaliser en lui, selon la parole de Hallaj (6), une "totale conformité aux décrets de DIEU sur lui" et de vider son coeur de tout ce qui est "autre que DIEU", afin de s'offrir à sa Présence.

Dans un autre hadith qudsi, DIEU dit : "70 fois par jour (ou 70.000 fois, selon une variante), Je regarde dans le coeur de mon serviteur pour y entrer. Hélas, le plus souvent, Je le trouve plein de lui-même, et Je me retire."
Croire que cette mort à soi même doit nécessairement s'accompagner d'un retrait hors du monde et d'une fuite de ses responsabilités serait cependant une erreur - encore que la retraite spirituelle puisse parfois être nécessaire à une certaine étape. Ce serait contraire à l'esprit même de l'Islam qui se veut totalité et qui engage l'être dans tous ses aspects. L'Islam n'est pas fuite vers le sacré, mais intégration consciente du sacré dans tous les plans de l'existence. Il s'agit de vivre au milieu du monde, là où  se trouve, non plus au nom de son ego mais avec DIEU, en DIEU et par DIEU.

" Toute la vie, la vie de chaque jour, doit être remplie de la présence de DIEU et du désir de Le servir" (Ghazali). C'est au coeur même de la vie et de l'action qu'il nous faut nous tourner intérieurement vers DIEU. Tel est, précisément, l'objet suprême du soufisme : faire participer au Sacré non seulement les pratiques canoniques prescrites, mais, selon la parole d'Hasan el-Basri, "tous les gestes de la vie quotidienne"; "faire de sa propre vie un lieu de la manifestation Divine", disait Ibn el-Arabi.

Un jour, un homme vint trouver Tierno Bokar et lui dit :
- Tierno, je suis inquiet pour moi même. Je n'ai pas le temps de réciter beaucoup de Coran, ni de pratiquer de longs dhikr, ni de faire beaucoup de retraites spirituelles ou de jeûner en dehors du Ramadan. Qu'adviendra-t-il de mon âme ?
- Que fais-tu dans la journée ? lui demanda Tierno.
- Chaque jour, je travaille dans les champs du matin au soir pour nourrir ma nombreuse famille, répondit le brave homme.
- Sois tranquille, lui dit Tierno. C'est ton travail qui est ta prière. Si tu accomplis ton travail le plus parfaitement possible et dans l'intention de plaire à DIEU qui te l'a imposé, alors, ton travail devient adoration, au même titre que les dhikr ou les jeûnes de ceux qui n'ont rien d'autre à faire.

Il n'y a donc, pour la vie spirituelle, ni époques ni lieux privilégiés. Au sein même du travail le plus astreignant, il est toujours possible d'accomplir chacune de ses tâches "au nom de DIEU" (Bismillâh) (7) et de s'efforcer de vivre chaque instant en sa Présence. Les soufi ne se  sont-ils pas appelés eux-mêmes les "fils de l'instant" ?

La vie en DIEU, liée à l'abandon confiant en sa Volonté, est équilibre entre le haut et le bas, entre l’intérieur et l'extérieur qui s'unifient en elle. Selon la parole du prophète :
" Travaille pour la vie de ce monde comme si tu devais vivre mille ans, et pour la vie future comme si tu devais mourir demain."

source: Vie et enseignement de Tierno Bokar (Amadou Hampaté Bâ)


1. Dans l'un de ses dérivés, le mot dhikr signifie également "énergie".

2. Grand penseur et réformateur musulman, né en 1849, qui fut nommé Mufti d'Egypte en 1899.

3. " Ne dites pas que je suis bon, seul le Père est bon", a dit Jésus.

4. Les oeuvres surérogatoires (ou "supplémentaires") sont celles qui sont accomplies en plus des prescriptions canoniques, en vue de plaire à DIEU.

5. C'est la faculté de différenciation (Ikhlass), qui permet, lorsqu'on croit avoir atteint le but parce que l'on a vécu un "état", d'en percevoir les limites et d'opérer le " lâcher prise" nécessaire pour s'élever (ou se purifier) davantage. Le mot Ikhlass comporte d'ailleurs également l'idée de pureté. Par opposition, tout ce qui arrête dans la progression parce que l'on se réjouit d'avoir "atteint" quelque chose est "l'illusion", le mirage (makarou)  qui distrait de DIEU.

6. Autre grand mystique de l'Islam. cf. les oeuvres de Louis Massignon, notamment La Passion de Hallaj, martyr mystique de l'Islam, Paris, Gllimard, 1975.

7. La formule Bismillâh (Au nom de DIEU) qui ouvre chaque sourate du Coran, doit être prononcée par les musulmans au moment d'accomplir tout acte, quel qu'il soit, afin de le consacrer à DIEU.