mardi 21 mai 2013

L'AMOUR DE DIEU POUR LA BEAUTÉ (suite et fin) - IBN'ARABI

... Nous venons de te présenter sommairement certains attributs que DIEU aime rencontrer chez l'homme et qui sont en grand nombre. Nous t'avons ainsi exhorté tout en respectant les sources d'autorité et nous t'avons montré comment l'amant se comporte l'amant par leur moyen.

Nous allons maintenant mentionner brièvement d'autres attributs - nous réservant de revenir plus en détail sur certains d'entre eux dans le dernier chapitre - véritables règles convenant à l'amour que l'être doit posséder, si DIEU veut, pour être nommé amant. Citons donc :


L'être occis,
démuni de raison,
dont la démarche est vers DIEU par Ses Noms,
mobile comme l'oiseau,
toujours en veille,
dissimulant son affliction,
aspirant à se dégager de ce bas monde pour rencontrer son Bien-Aimé,
éprouvant de la lassitude en raison du voile indissociable 
qui s'interpose entre lui et la rencontre de son Bien-Aimé,
soupirant vers Lui abondamment,
trouvant le repos dans le propos et le souvenir de son Bien-Aimé
par la récitation de Sa Parole,
approuvant ce qu'aime le Bien-Aimé,
craignant de faillir au caractère sacré du service qu'il Lui doit,
minimisant l'importance qu'il attache à sa personne
devant la réalité de son Seigneur, et faisant grand cas du peu qu'il reçoit
de son Bien-Aimé,
s'attachant à obéir à son Bien-Aimé et évitant de Lui désobéir,
ravi totalement à lui-même,
ne réclamant pas le prix du sang pour son occision,
constant dans l'adversité à laquelle la nature de l'être
veut se soustraire en raison de la tutelle que le Bien-Aimé
lui impose,
le cœur tout éperdu d'amour,
préférant le Bien-Aimé à toute autre compagnie,
s'effaçant sous l'effet d'une affirmation (de son Bien-Aimé)...



source : Le Traité de l'Amour (Ibn'Arabi)

lundi 20 mai 2013

L'Amour de DIEU pour la Beauté (jamâl) - Ibn'Arabi 1

Vient de cette conformité à DIEU et à Son Prophète, l'amour de la beauté qui est un attribut Divin.
Dans un des recueils sûr de hadiths, il est affirmé que le Messager de DIEU - sur lui la grâce et la paix - a dit : "En vérité, DIEU est Beau (jamîl) et  aime la Beauté (jamâl)." Il nous exhorte donc à L'aimer par ce terme : beau.

Sous cette notion de beauté se cachent deux aspects : 
Le premier consiste à considérer  la Beauté de la perfection (kamâl) qui est la Beauté de la Sagesse (hikmâ). L'amant aime DIEU dans les choses instaurées avec une sagesse accomplie (muhkâm) et qui relèvent de l'Oeuvre d'un Sage. Certains ne parviennent pas à ce degré (et c'est en  cela que consiste le second aspect de la Beauté) et ne possèdent pas la connaissance de la Beauté (en soi), mais plutôt celle de la beauté conditionnée qui repose sur une motivation que la Loi sacrée précise dans cette sentence prophétique : "Adore DIEU comme si tu Le voyais..." La particule comme (ka) a ici une fonction attributive et celui qui n'est pas arrivé à assimiler davantage que cette beauté conditionnée s'imagine qu'il en est bien ainsi. Il restreint donc DIEU par cette faculté comme il Le circonscrit au moyen de l'orientation rituelle (qibla) (dans la prière canonique en s'imaginant que DIEU s'y trouve, ainsi qu'il est rapporté dans cette nouvelle prophétique: " DIEU est dans la qibla de celui qui Le prie").

L'amant aime donc DIEU pour Sa Beauté sans encourir de désapprobation puisqu'il y est tenu par la Loi révélée, mais à la seule mesure de sa capacité : DIEU impose l'âme à la seule mesure de sa capacité (Coran II, 233). Il nous faut donc aimer DIEU - exalté soit-Il - pour Sa Beauté.

Sache que le monde, créé par DIEU en parfaite économie et selon des principes de perfection, est comme en a parlé l'Imam Hâmid al-Ghazâli : "De toutes les réalités possibles, rien n'est plus incomparable que ce monde."


D'autre part, le Prophète a rapporté que DIEU - exalté soit - Il - a créé Adam selon Sa Forme. L'homme est donc la synthèse (majmû) du monde. La connaissance que DIEU a du monde n'est que celle qu'Il a de  Lui-même, car Lui seul se trouve dans l'Existence universelle (wujûd).
Il faut donc que l'homme soit constitué selon la Forme même de DIEU. Lorsqu'Il le fit apparaître sous l'aspect individuel ('ayn), l'homme devint la propre théophanie (majalla) de DIEU. Pour cette raison, il ne voit dans le monde que la Beauté de DIEU et aime la Beauté. En conséquence, le monde est la Beauté de DIEU, Lui qui est le Beau et l'Amant de la Beauté ! Aussi, celui qui aime le monde sous cet aspect l'aime-t-il par amour de DIEU et n'aime, en définitive, que Sa propre Beauté. On en déduit que la Beauté de l'Ouvrage Divin (çanha) ne doit pas être rapportée à celui-ci, mais bien au Maître d'oeuvre de la Beauté du monde qui est celle de DIEU.

La forme de la Beauté du monde, ou de celle des choses, est insaisissable (daqîq), étant donné son aspect duel, comparable à deux personnes aimées d'un amour naturel. Il s'agit, par exemple, de deux jeunes filles ou de deux adolescents qui partagent les caractéristiques humaines et qui en sont comme deux prototypes. Ils représentent aussi la perfection formelle qui est le principe de la perfection corporelle et psychique, forme qui assure l'intégrité de l'être dans sa réalité synthétique et dans ses éléments constitutifs et qui vient s'opposer à la difformité et aux infirmités.



L'une de ces deux créatures a reçu la beauté extérieure en partage et tous ceux qui la voient l'aiment; l'autre la laideur et ceux qui la voient éprouvent de la répulsion pour elle. S'agit-il alors de la beauté dont le nom peut s'appliquer à toutes les formes d'une manière générale, au point que tous ceux qui voient quelqu'un l'aiment ?

Nous venons de confier cette connaissance à ta considération. Cette attraction apparaît chez l'amant quand l'amour qu'il ressent pour un être survient à la suite d'une unique rencontre et non après l'amitié ou la fréquentation.

Réfléchis donc et considère bien cette question pour bien comprendre, si DIEU veut, le secret de cette réalité par laquelle DIEU se qualifie de beau et s'attribue l'amour de la Beauté, même sous les traits de Sa créature répugnante et nuisible, ou encore devant les choses monstrueuses qui enfreignent les lois naturelles ou conventionnelles. 

à suivre...
source : Traité de l'Amour (Ibn'Arabi)

samedi 4 mai 2013

Les Mariées de DIEU (Rûmi)

Les vrais saints sont cachés. " Mes amis sont sous Mes dômes", dit la parole Divine extra-coranique, et DIEU seul les connaît; Ils sont couverts et invisibles, comme s'ils étaient les mariées de DIEU.
Ils ne se vantent pas de leurs merveilleuses facultés, mais au contraire les cacheraient plutôt sous des formes humbles, voire méprisables, comme l'illustre le conte de Kharaqânî dans le Mathnâwî. Cet aspect de la vraie sainteté transparaît avec une évidence particulière dans la profonde loyauté de Maulânâ envers l’orfèvre Salâhuddîn, dont la plupart des gens de Konya (en Turquie) ne comprenaient pas la richesse spirituelle, sans parler de l'apprécier.


La présence du saint est absolument nécessaire pour que le disciple soit guidé, car il intègre les paroles Divines et les énonce comme un perroquet derrière le miroir, apprenant au disciple à parler. Sans ce guide, un voyage de deux jours prendrait cent ans, et " celui qui n'a pas de cheikh, son cheikh est Satan". Les dangers sur le chemin sont multiples et seul l'homme de DIEU peut montrer à l'adepte comment éviter les nombreuses embûches. Toutefois, le saint vit aussi dans son propre monde. Le matin, des êtres spirituels le visitent; le temps et l'âge n'ont pour lui pas de sens; il est juvénile et pourtant se souvient du temps avant la création de " la maison d'argile et d'eau" (cet univers), car il était avec DIEU.
Maintenant il vit en DIEU, marchant parmi les gens, cependant jamais séparé de Lui en qui il a annihilé ses humbles qualités, s'étant investi à présent de Ses qualités.

source ; l'incendie de l'âme (l'investiture spirituelle de Rûmi)